LE TRAIN
Le train roule sur les rails
sur les barres et sur l’acier
sur les lignes cinétiques
où l’oeil file sans bouger
le train roule sur les rails
à l’aveugle sans grincher
gomme vaches et vergers
sur les flancs de son passé
le train roule sur les rails
et bouscule l’usager
qui prélasse sa mollesse
aux déserts électrifiés
le train roule sur les rails
comme un trait fait sur le temps
comme un petit brin de paille
que multiplierait l’aimant
le train roule sur les rails
et m’emporte dans son ventre
pour aller se fracasser
au ciment d’une butée
le train qui ne roule plus
est comme un grand reposoir
du silence cinétique
où l’oeil cesse de filer
1er mai 1974