LA BICOQUE
Dans la vallée de la grand-ville
une maison de quatre sous
s’abîme
s’abîme
s’abîme
le vent la gifle et elle rougit
la pluie l’imbibe et elle pourrit
le gel l’écarte et elle s’écaille
le chaud la chauffe et elle boursoufle
sa peau par pans se fait la malle
de grands gâteaux de plâtre blanc
s’abîment
s’abîment
s’abîment
elle a un gros lupus au front
et puis un gros cocard à l’oeil
elle a des poux sous sa perruque
et puis des mousses à son manteau
elle a des lacs à ses gouttières
et puis ses bésicles d’ivoire
s’abîment
s’abîment
s’abîment
c’est la bicoque des séismes
la cacochyme aux mains trembleuses
qui souffle à son clavier jauni
la mazurka des bibelots
l’effritement des poutres d’eau
l’écroulement des mémoires où
s’abîme
s’abîme
s’abîme
dans la vallée de la grand-ville
un souvenir de quatre sous
mercredi 23 février 1977