TU ES
Tu es le caillou brun que je prends dans mes doigts
tu es et tes angles me saignent
le velours dans mon corps tu es
le grand loup qui me mord et l’eau
la charge sous ma peau et l’air
fait cercle dans ton ventre en chair
la source et le faucheux tu es
la fièvre de la terre semée
la bouche sur le jour en cri
tu es le rouleau blanc que je prends dans mes bras
Tu es et tes brumes m’imprègnent
le sel et le sceau tu es
le rut de la mer en labeur
le mur où la terre se fleurit
le fer où la peur s’amuït
la reine et le bourreau tu es
le puits de l’étoile allumée
L’étau de la peine qui tue
tu es la femme bleue que je prends dans ma voix
tu es et tes mains me soutiennent
l’amour et ma nuit tu es
la gamme d’accords et l’ortie
nos ombres mêlées dans la mort
l’empreinte liée de nos vies
la page et la plume tu es
le point de l’oiseau et l’idée
l’espoir et mon grain de beauté
Jeudi 4 mai 1978