AIME
Que la fumée mange les murs
les toits des villes soient des tambours
les rues des voies de mort réglée
les gens des fruits sur le marché
que le vent casse les maisons
la pluie détache les montagnes
la boue soit une éclaboussure
les gens le poids du trébuchet
aime
que la nuit d’heure tache les yeux
les bouts de marbre soient des chapeaux
les champs des lieux de joie fauchée
les gens du bois de cheminée
que la mer bouffe les voiliers
le ciel embrase les oiseaux
le feu soit un muscle à poussière
les gens de la cendre à mâcher
aime
que le poison couche dans l’air
les putains vendent leur misère
les cages soient des brise-nerfs
les gens de la pâte à rouler
que l’or des fours soit de la chair
les trains de chaînes la scie l’ébène
les bombes à clous des coups de sang
les gens des boîtes d’osselets
aime
que dans les traits de la lumière
les bouches épèlent des refrains
les corps se goûtent comme un vin
les gens commencent par la faim
que dans les formes de la terre
les bouches accordent leur chemin
les corps se lient pour le regain
et les gens disent comme nous
aime
mercredi 3 mai 1978