LA NAPPE
La nappe est grise et floue devant
l’île voûtée de la douceur
c’est de la brume dame morte
humide et qui mouille la bouche
c’est comme une mare de palais
qui fait de la vapeur maligne
un brouillon d’âmes climatique
qui tombe dans les yeux brûlants
et le vent plaque sur les corps
le chant qui tremble de la nuit
la trame des pleurs et la scie
le sable des fours et l’oubli
et le temps passe dans la terre
le goût des peaux l’amour des mères
le sang gâché de la matière
tachée des bancs de cernes en pierre
la nappe est grise et floue dedans
l’île voûtée de la douceur
pour que les souvenirs demeurent
fait la musique des gisants
mardi 18 juillet 1978