LA RODEUSE
La mort rôde partout
avec ses pieds de caoutchouc
avec ses griffes de velours
dans les couloirs sans bruits
dans les chambres malades
la mort roule et s’enroule autour des doigts brisés
dans le sable désert des étreintes jaunies
la mort pose sa bouche sur la flamme arrondie
sur la femme alanguie
la mort couche les rêves sur le dos d’une pierre
et fait de la poussière avec un peu de temps
la mort coule son corps sous la peau déroulée
sous la langue déliée
enveloppe la terre sous un chant de baisers
glacés dans les caveaux
défait la vie jetée
partout un tas de poudre
s’étire sous le vent se gorge d’eau de pluie
partout un tas de boue
la mort fige la vie
dans une éternité à ras de nos semelles
habitue notre empreinte sur le lit des sentiers
à caresser la mort au ras de notre peur
la mort coupe et découpe ses cartons de faire-part
avant de nous pencher au fond de son oubli
octobre 1971