LOCO BLUES
Le train roule
la loco fait du feu
un motif dans les yeux
qui fait boule
le ch’minot est tout noir
ses mains suent sur l’volant
la machine vole du temps
à la nuit qui se barre
les wagons sont bourrés
cahotent sur l’aiguillage
patatras les bagages
cabossent les passagers
compartiments tueurs
chacun guette sa chacune
il y a sous la lune
dans les doigts des lueurs
des canifs à lame courbe
font d’la chair à pâtée
à ras bord les paniers
de sang rouge où s’embourbent
les rêves d’amour bazar
de frissons dans les gares
où personne ne t’attend
y’a qu’le vent
y’a qu’un chien qui aboie
sur le quai y’a les pas
des paumés du train coule
et le cri des essieux
d’la loco qui fait bleu
chante le blues à la foule
des hommes qui voudraient quoi
qu’le train roule
qu’le train roule
samedi 30 octobre 1982