DE CHIEN
Je voudrais un regard de chien
qui me ferait tenir encore
debout au milieu du chemin
où les courants d’air de la mort
vraiment ne servent plus à rien
je voudrais un regard de chien
qui me protègerait toujours
là où les trous du parchemin
feraient trébucher mon amour
je voudrais un regard de chien
qui me ferait devenir sourd
au bruit du drame citadin
qui brouille de fumée le jour
je voudrais un regard de chien
qui ressemble aux raies du velours
où le coeur affaibli se tient
pour un voyage sans retour
je voudrais un regard de chien
qui me ferait voir à mon tour
dans les lits mêlés de la main
la langue mouillée du chagrin
léchant d’un coup les alentours
je voudrais un regard de chien
que la bizarrerie du jour
illuminerait soudain
comme une lampe de secours
flottant dans le creux du chemin
je voudrais un regard de chien
qui me ferait zapper tout court
dans les vapeurs de romarin
sous l’oeil étonné du vautour
la serre cruelle du destin
dimanche 19 septembre 2004