LA NEIGE
La neige est une couverture d’éponge
une digitale libidineuse
un champ de sperme antique
où les mammouths gris s’encornent
la parure éphémère et le poids de la plume
rongée par la fournaise
fil à fil
jour à jour
froissée dans l’ombre au bouquet de la nuit
frileuse
évanescente quand l’âme dort
glace au matin sous le pied vaniteux
la neige prend les masques
comme on prend une femme
du damier noir et blanc selon le temps qui coule
qui berce les cristaux macérés dans le ciel
qui mâche la poussière au caprice des heures
et fait dans le néant la substance ludique
l’ornement de la joie
le chant des souvenirs
une envie de coton
dans le charme étouffé des glissades intimes
la neige est un fantôme
la croûte et la peau du plaisir
la mort à la source d’eau claire
la neige tombe molle et meurt
comme vous
janvier 1974