PETITES FEMMES
Les petites femmes pleurnichent
sur mon pied de travers
que la nature ingrate la méchante a tordu
je claudique à foison sur leurs gorges velues
et ma langue détale sous les crocs turlupins
je m’envole au-dessus des nuages
les poches dans l’amour troué de mes dix mille grèves
où l’écume bave des modes qui tourniquent
je divague comme un gamin niaiseux
vogue à la lame d’un coquillage mou
dans la cambrure parfumée de mes petites femmes
je bise à tour de bouche mes mignonnes calèches
et je fais du tricot en me cassant les doigts
sur la frisure des marguerites
machicoulis de bavelente et toast à la myrtille
où le rhinocéros
ahane son verbe musculeux
et je crachouille des vapeurs
par le trou de ma nuque
comme les cachalots qui font du cinéma
l’art et l’essai font le prix de mes rêves
et mes petites femmes savent bien
que je m’étoufferai dans leur galette mauve
en ruine dans ma tête
de nuit de sang de gouffre
je serais barbouillé de vous croquer toujours
je serais l’ange glouton
petites femmes pousse-terres
31 janvier 1974